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GT4

GT4 problèmes inverses, imagerie et optimisation

Un milieu donné soumis à une excitation mécanique dynamique peut être caractérisé grâce à des données enregistrées par des capteurs positionnés en surface ou effectuant des mesures distantes. A partir d’un modèle de propagation d’ondes, il est alors possible d’identifier des paramètres physiques constitutifs (possiblement hétérogènes) ou la structure interne du milieu étudié (présence d’inhomogénéités ou de défauts). Ce problème représente un intérêt crucial tant pour caractériser des milieux manufacturés (contrôle non destructif ultrasonore) que des milieux naturels (sismique réflexion) ou biologiques (échographie ultrasonore).

Les problèmes inverses avec mesures distantes sont mathématiquement mal posés de sorte que leur résolution pratique est notamment caractérisée par une grande sensibilité au bruit de mesure. Dans ce contexte, les axes de recherches liés au GdR MecaWave sont les suivants :

  • Développement de méthodes pour l’identification. On peut distinguer deux classes de méthodes : la première se base sur les approches quantitatives utilisant des algorithmes itératifs de reconstruction (minimisation et optimisation), par exemple l’inversion des formes d’onde. La deuxième se base sur des approches qualitatives dont le but est de construire des fonctions d’imagerie indicatrices de quantités d’intérêt cibles. Ces fonctions sont établies sur la base de méthodes telles que l’échantillonnage linéaire, les notions de sensibilités matérielles ou topologiques. Ce type de fonction d’imagerie vise à être calculé par des algorithmes numériquement rapides.
  • Analyse mathématique des méthodes inverses. Il s’agit d’étudier pour les problèmes inverses liés à la mécanique des solides et à l’acoustique les problèmes d’existence et unicité des reconstructions, ainsi que la stabilité aux données bruitées. Ce thème inclut aussi le développement de méthodes de régularisation dédiées aux mesures types de l’acoustique ou de l’élastodynamique.
  • Mise en oeuvre expérimentale et validation. L’étude expérimentale de milieux complexes (hétérogène, anisotrope, atténuant ou autre) est un enjeu important de la thématique. Les différences éventuelles entre le comportement attendu numériquement et le comportement réel, les contraintes et le caractère partiel de la mesure expérimentale, sont autant de paramètres à maîtriser pour que les méthodes développées soit applicables en laboratoire et en industrie.

Dans le contexte des modèles de comportements effectifs en acoustique et en élastodynamique, un défi actuel repose sur la caractérisation de paramètres microstructuraux sur la base de mesures effectuées à des échelles macroscopiques. Si la problématique de l’homogénéisation repose sur la dérivation de modèles effectifs pour des milieux microstructurés, on s’intéresse ici à une problématique inverse : quelles informations à l’échelle microscopique sont identifiables à partir de mesures lors de solicitations dynamique à de grandes longueurs d’ondes ?

Des travaux récents visent ainsi à juxtaposer des méthodes d’homogénéisation en régime dynamique et des approchent inverses afin d’aborder cette problématique. Certaines approches visent plus particulièrement la quantification de perturbations de paramètres spectraux macroscopiques observables correspondants à des défauts localisés au sein d’une microstructure périodique. Des méthodes asymptotiques d’ordre élevé sont développées à cette fin.

Les travaux récents sur les méthodes d’imagerie et de détection en champ diffus ou en utilisant le bruit ambiant ont été particulèrement prometteurs, notamment dans le domaine de la géophysique ou de l’acoustique sous-marine. Ces méthodes présentent donc un intérêt pour l’étude et la caractérisation de milieux complexes multi-diffusants. Ce type d’approches pourrait ainsi constituer une alternative aux méthodes d’identification et d’imagerie pour des milieux dont la complexité serait trop grande pour qu’ils puissent être caractérisés grâce à des approches fondées sur des modèles de type milieux effectifs. Par ailleurs, le contrôle non destructif de structures mécaniques industrielles pourrait être abordé via de méthode de caractérisation passive en champ diffus. Le développement théorique de ces approches avec application à des modèles acoustiques et élastiques, ainsi que leur validation grâce à des protocoles expérimentaux constituent donc un thème d’intérêt pour ce groupe de travail.

L’application de méthodes d’optimisation à des milieux acoustique ou élastique permet le design de matériaux ou de structures réalisant des comportements cibles ou exhibant des propriétés physiques macroscopiques particulières. Cela aboutit généralement à la conception de milieux ayant des paramètres constitutifs potentiellement fortement hétérogènes ou des microstructures complexes mais qui permettent, in fine, de réaliser la propriété visée. Par exemple, dans le cadre des métamatériaux, il s’agit d’optimiser la géométrie et les propriétés d’une microstructure afin de pouvoir obtenir un comportement macroscopique original : masse volumique effective négative ou bandes de fréquences interdites. Ces problématiques impliquent généralement la minimisation d’une fonctionnelle coût par optimisation d’un jeu de paramètres microstructuraux. Cette méthodologie rejoint ainsi les approches développées pour les problème inverses et pour l’homogénéisation, les trois pouvant s’enrichir de leurs développements respectifs. Pour cela une utilisation conjointe des outils dédiés aux problèmes inverses ainsi qu’aux méthodes d’homogénéisation de milieux microstructurés offrent des perspectives intéressantes.

Animateurs :

Cédric Bellis (bellis@lma.cnrs-mrs.fr)

Samuel Rodriguez (samuel.rodriguez@u-bordeaux.fr)

GT4-TS (C. Bellis). Identification de deux obstacles diffractants par la méthode de sensibilité topologique avec mesures en champ lointain.

GT3

GT3 guides d’ondes

Les structures mécaniques présentent souvent une direction privilégiée de propagation des ondes. Citons par exemple les tôles dans l’industrie automobile, les tuyauteries dans l’industrie chimique ou pétrolière, les fuselages d’avions dans l’industrie aéronautique, les plaques dans les matériaux composites ou encore les câbles du génie civil. C’est aussi le cas en géosciences, dans les milieux naturels (stratifiés par couches géologiques par exemple) ou anthropiques (digues, fondations, etc).

Par réflexions multiples aux interfaces, la propagation des ondes est naturellement guidée le long de ces structures élancées. La connaissance du comportement des ondes guidées revêt diverses applications. En acoustique, leur utilisation permet d’ausculter les structures de façon non destructive. Un des attraits des ondes guidées est leur facilité de génération, ainsi que leur propagation sur de longues distances. En mécanique, leur considération permet l’analyse vibratoire des systèmes aux moyennes et hautes fréquences. En géophysique, ces ondes se manifestent sous la forme d’ondes de surface, que l’on peut utiliser pour la caractérisation des couches superficielles, ou au contraire, dont il faut s’affranchir pour la caractérisation des couches profondes.

La propagation des ondes dans un guide est par nature multimodale et dispersive, c’est-à-dire que les champs ondulatoires se décomposent en modes de propagation dont les caractéristiques dépendent de la fréquence (vitesse de propagation en particulier). Ceci complique l’analyse physique si bien que le développement de modèles dédiés aux guides d’onde s’avère nécessaire. Plusieurs approches analytiques existent pour cela mais ces outils ne permettent de traiter que des géométries canoniques (plaques, tubes, cylindres). Depuis le début des années 2000, d’importants travaux ont été menés en matière de modélisation numérique pour traiter des géométries plus complexes. Des progrès restent toutefois à accomplir que ce soit pour le développement de modèles, leur analyse mathématique ou la prise en compte de comportements mécaniques complexes (non-linéarités, couches minces, conditions aux interface), en lien avec les GT1 et GT2.

Outre la propagation pure (guides uniformes), les modèles doivent permettre de comprendre les mécanismes d’interaction avec des inhomogénéités (diffraction et diffusion dans les guides non uniformes). Ces inhomogénéités ou diffuseurs peuvent être de nature très diverses : bords, jonctions, changements de section, défauts, endommagements (corrosion, fissures), rugosités, cavités, failles, etc. Sauf cas simples, les phénomènes de diffraction des modes guidés ne peuvent pas être modélisés par des approches analytiques. Il faut avoir recours à des méthodes numériques qui permettent de restreindre le domaine de calcul à une portion du guide contenant la perturbation (couches absorbantes, conditions transparentes DtN, décomposition de domaine avec recouvrement, etc). Diverses questions restent posées sur le plan mathématique, convergence en particulier, dû au caractère non auto-adjoint de l’opérateur transverse de l’élasticité. En ce qui concerne les milieux infinis dans les deux directions (plaques tridimensionnelles), la modélisation de la diffraction soulève des difficultés supplémentaires qui nécessitent de développer de nouvelles méthodes numériques performantes.

Les structures élancées sont souvent en contact avec une grande matrice fluide ou solide (eau, ciment, milieu naturel, etc). De telles structures peuvent être considérées comme des guides ouverts en raison du caractère non borné du milieu dans les directions transversales. Par rapport aux guides fermés, les modes y sont de nature très différente : modes piégés, modes à fuite (leaky waves) ou bien modes radiatifs. Ces derniers constituent un spectre continu (la résolvante de l’opérateur n’est plus compacte), difficile à manipuler. L’utilisation de couches parfaitement adaptées permet de borner le domaine de calcul mais rend les opérateurs non auto-adjoints, si bien que les outils standards de théorie spectrale ne s’appliquent plus. Ainsi, la propagation des ondes dans les guides élastiques ouverts reste mal connue. Précisons que ce sous-thème inclut également l’étude des ondes de surface et d’interface (ondes de Rayleigh, Stoneley, etc), puisqu’elles constituent des cas particuliers de modes guidées.

Les modes localisées dans les structures ouvertes, telles que les modes piégés, les modes de bout ou les modes à vitesse de groupe nulle (résonances ZGV) représentent des résonances que l’on peut exploiter, ou au contraire que l’on doit éviter, pour le contrôle non destructif, la caractérisation de matériaux, la conception de structures ou de capteurs, etc. Des travaux de recherche sont nécessaires pour accroître la connaissance de ces phénomènes dans les solides.

Enfin, il faut noter que les travaux menés sur les guides solides traitent majoritairement de structures invariantes par translation. Le cas des guides périodiques n’est que plus rarement abordé en élastodynamique, ce qui constitue un axe de travail supplémentaire à décliner selon les différentes problématiques décrites ci-dessus (et en lien avec le GT1).

Animateurs :

Simon Félix (simon.felix@univ-lemans.fr)

Vincent Pagneux (vincent.pagneux@univ-lemans.fr)

 

GT3-cable (F. Treyssède) : Courbes de dispersion en vitesse d’énergie (à droite) d’un câble à sept brins, calculées par modèle aux éléments finis réduit (à gauche) tenant compte des symétries hélicoïdale et de rotation du problème. Couleurs: amplitudes modales pour une excitation axiale confinée dans un brin périphérique.

GT2

GT2 ondes non linéaires dans les solides

Le cadre linéaire décrit de nombreuses situations d’acoustique avec une précision satisfaisante. Cependant, cette approximation est insuffisante lorsque l’onde se propage dans un milieu avec des défauts (fissures, endommagement, etc) ou avec des sollicitations importantes. Les phénomènes observés – formation de choc, non-additivité des ondes, dissipation d’énergie supplémentaire – peuvent être expliqués par l’inclusion d’effets non linéaires. Les non-linéarités peuvent alors être utilisées pour caractériser plus précisément le milieu dans lequel les ondes se propagent. Plusieurs aspects de l’acoustique non linéaire, particulièrement intéressants, sont décrits ci-après.

Lorsqu’une onde impacte une fissure partiellement fermée, les bords sont mis en mouvement, induisant des phénomènes de contact (contact unilatéral, fissures de compressibilité finies, etc et frottement (Coulomb). Ces mécanismes sont généralement décrits par des conditions d’interface non régulières, ce qui complique considérablement l’analyse mathématique ainsi que des simulations informatiques. Beaucoup de questions théoriques restent ouvertes dans ce domaine.

La théorie non linéaire standard, qui implique des termes quadratiques ou cubiques dans la loi de Hooke, est insuffisante pour décrire la propagation des ondes dans des solides hétérogènes tels que le béton, le plâtre, les milieux granulaires. Des effets de relaxation et de dynamique lente sont impliqués, conduisant à une chute de la vitesse de propagation des ondes. L’un des défis actuels consiste à fournir un cadre physique et théorique solide décrivant ces phénomènes plutôt que des modèles empiriques qui ne satisfont pas les principes de base de la thermodynamique.

Les non-linéarités sont également impliquées lors de la propagation des ondes dans les solides précontraints tels que les câbles ou les élastomères. De petites perturbations autour de l’état statique sont décrites par des lois constitutives non linéaires (solides néo-Hookiens ou de MooneyRivlin) et des non-linéarités géométriques. Un des défis est alors de déterminer les propriétés qualitatives des solutions (vitesse des ondes de surface, etc) et de résoudre les problèmes de diffraction canonique dans ces environnements.

Enfin, la compétition entre une loi constitutive non linéaire et la dispersion géométrique induite par une structure rend possible la propagation des solitons élastiques. L’étude des solitons, y compris leur interaction avec les défauts, est un sujet très riche avec des applications multiples, notamment pour l’étude des milieux cristallins.

Animateurs :

Nicolas Favrie (nicolas.favrie@univ-amu.fr)

Anissa Meziane (anissa.meziane@u-bordeaux.fr)

 

GT2-impact (N. Favrie) : Impact 2D d’une bille de cuivre sur une plaque de titane à 800m/s. On observe la formation d’ondes de choc puis l’apparition de cavité qui coalescent pour former des fragments.

GT1

GT1 dynamique effective des milieux microstructurés

Les méthodes d’homogénéisation permettent de prédire le comportement macroscopique d’un matériau à partir de la connaissance de ses constituants à l’échelle microscopique. L’utilisation et l’adaptation de ses méthodes pour des systèmes dynamiques rencontrent un intérêt croissant dans le cadre de l’étude des cristaux photoniques ou des métamatériaux.

Cependant, les techniques d’homogénéisation classique sont généralement limitées aux basses fréquences, ainsi qu’à des problèmes où il s’agit de trouver le comportement effectif volumique du matériau. La validité de telles approches est donc générale-ment restreinte à des tailles de structure grandes devant la longueur d’onde caractéristique du problème et en négligeant les effets de bord. Pour des problèmes d’intérêt en dynamique où la microstructure peut être localisée le long d’une interface ou pour des longueurs d’onde comparables à la taille de la microstructure, ces techniques doivent être revues et adaptées. Dans cette optique, des méthodes d’homogénéisation de surface ainsi qu’à fort contraste ont été développées afin de capter respectivement les effets de couche limite et de résonances internes liées à la microstructure.

Par ailleurs, des techniques d’homogénéisation hautes fréquences récemment proposées permettent d’étendre la validité des modèles au-delà de leur cadre habituel. Du point de vue numérique, il s’agit aussi de mettre en place des schémas adaptés aux comportements effectifs de ces matériaux (coefficients effectifs négatifs ou dépendant de la fréquence, conditions de saut généralisés) et garantissant la stabilité du système. Enfin, la plupart de ces méthodes sont encore limitées aux problèmes linéaires en dynamique et l’extension de ces études à des régimes non-linéaires pose une difficulté majeure.

Animateurs :

Agnès Maurel (agnes.maurel@espci.fr)

Jean-François Mercier (jean-francois.mercier@ensta-paristech.fr)

GT1-Helmholtz1 (A. Maurel – JF Mercier) : Champs de vitesse verticale dans un guide d’onde connecté localement à un réseau de résonateurs. Solutions du problème direct (en haut), et du problème homogénéisé (en bas). kh=1.2, avec k le nombre d’onde et h la périodicité du réseau de résonateur